Je me souviens du matin où, assise à mon bureau avec un café refroidi, j'ai admis à voix haute — d'abord à moi-même, puis à une collègue — que je ne savais pas si j'étais sur le « bon » chemin professionnel. Ce petit aveu, qui me semblait à l'époque presque scandaleux, a été le point de départ d'une série de conversations et d'ajustements qui ont profondément changé ma manière de travailler et d'envisager ma carrière. Parler de ses doutes n'est pas un aveu de faiblesse : c'est une démarche honnête et souvent libératrice. Dans cet article, je raconte comment j'ai appris à verbaliser mes incertitudes et à en faire une force.

Pourquoi il est si difficile d'avouer ses doutes

Dans nos milieux professionnels, que l'on soit freelance, salarié ou entrepreneur, il existe une sorte de pression implicite pour paraître sûr de soi. Les réseaux sociaux, les profils LinkedIn enjolivés et les success stories contribuent à créer une norme : on doit savoir, être performant, être en contrôle. J'ai longtemps pensé que douter signifiait manquer de compétence ou de détermination.

Pourtant, les doutes sont une réaction normale à l'incertitude. Ils apparaissent quand les enjeux sont réels, quand les transitions s'annoncent ou simplement quand on se questionne. Les nier nourrit la peur. Les nommer permet de les traiter.

Mon premier pas pour parler de mes doutes

Mon approche a été progressive. Au départ je l'ai fait en privé : écrire mes doutes dans un carnet, les relire puis les reformuler. Ensuite, j'ai testé des confidences dans des échanges informels avec des collègues de confiance. Ce qui m'a surprise, c'est la réponse le plus souvent : empathie, partage d'expériences similaires, conseils concrets.

Une phrase qui m'a aidée : "Je traverse un moment d'incertitude sur tel aspect, j'aimerais en parler pour y voir plus clair." Elle est simple, factuelle et elle ouvre la porte à une conversation sans dramatiser.

Comment aborder le sujet sans tout chambouler

  • Choisir le bon interlocuteur — Privilégiez quelqu'un en qui vous avez confiance : un mentor, une collègue compréhensive, un ami du même secteur. Un RH bienveillant peut aussi être un bon point de départ.
  • Soigner le moment — Évitez de lancer le sujet en réunion collective si vous ne voulez pas devenir l'objet d'un débat public. Une conversation en tête-à-tête ou un mail préparatoire est souvent plus pertinent.
  • Formuler clairement — Plutôt que de déballer un torrent d'émotions, définissez ce que vous ressentez et ce que vous attendez : écoute, feedback, aide pour prioriser, ou simplement un espace pour réfléchir.
  • Proposer des pistes — Montrer que vous avez déjà réfléchi à des solutions (formation, réorganisation, test d'une autre mission) évite que l'aveu soit perçu comme une posture passive.

Transformer la vulnérabilité en force : méthodes que j'ai testées

La vulnérabilité devient constructive lorsqu'elle est accompagnée d'actions. Voici les méthodes que j'utilise et recommande :

  • Journal de doute : chaque semaine j'écris ce qui m'inquiète, pourquoi et quelles petites actions je peux mettre en place. Cela permet de dédramatiser et de suivre l'évolution.
  • Sprints d'expérimentation : au lieu de prendre une décision définitive, je me fixe une période-test (4 à 8 semaines) pour explorer une nouvelle tâche ou méthode. Les résultats concrets dissipent souvent les peurs.
  • Mentorat inversé : échanger avec une personne plus jeune ou d'un autre domaine m'a ouvert des perspectives inattendues. Parfois, l'autre voit ce que l'on ne voit plus.
  • Feedback structuré : demander un retour précis ("sur ces trois points, que remarques-tu ?") permet de transformer l'émotion en informations actionnables.
  • Rituel de gratitude professionnelle : noter chaque semaine trois réussites, même petites, pour contrer la tendance à ne voir que les zones d'ombre.

Ce que j'ai appris en parlant ouvertement

Plusieurs leçons sont devenues évidentes au fil du temps :

  • Les doutes suscitent souvent la solidarité. Les gens sont plus enclin·es à aider quand vous êtes sincère.
  • Verbaliser clarifie la pensée. Dire à voix haute un problème le rend plus solvable.
  • La transparence améliore la qualité des relations professionnelles : elle crée de la confiance et des attentes réalistes.

Pièges à éviter

Parler de ses doutes ne veut pas dire tout dire n'importe comment. Voici quelques erreurs fréquentes :

  • Tout attendre des autres — Chercher du soutien, oui. Attendre que l'entreprise ou un collègue règle tout pour vous, non.
  • Confondre vulnérabilité et victimisation — Exprimer un doute doit rester orienté solution, pas plainte perpétuelle.
  • Attendre la parfaite sécurité — Le bon moment n'existe pas. L'action progressive l'emporte sur l'attente indéfinie.

Ressources et outils qui m'ont aidée

Voici des pistes concrètes que j'ai testées et appréciées :

Outil / Ressource Usage
Le journal papier (Moleskine) Écrire les doutes, idées et plans d'action. Simple et intime.
Podcast "Happier" / "The Tim Ferriss Show" Écouter des témoignages de parcours non linéaires pour relativiser.
Mentorat (via LinkedIn ou réseau pro) Demander un retour ciblé et des conseils pratiques.
Thérapie ou coaching Pour dénouer des peurs profondes et structurer des objectifs.

Sur Pierresouchon, j'aime partager ces petites stratégies parce qu'elles sont simples, adaptables et surtout humaines. Parler de ses doutes n'est pas un luxe, c'est un acte pragmatique : il permet de prendre de meilleures décisions, de mobiliser des ressources autour de soi et de transformer l'énergie de l'inquiétude en plans concrets.

Si vous sentez que vos doutes vous isolent, commencez par un pas modeste : écrivez-les, puis partagez-les à voix basse avec une personne de confiance. Vous verrez que, souvent, la vulnérabilité bien exprimée attire des réponses constructives. Et si vous voulez échanger sur une situation précise, je serai ravie de vous lire et d'en parler ici, sur Pierresouchon.