Je prends souvent le métro aux heures de pointe, parfois la voiture, parfois le vélo. Pendant des années, ces trajets étaient pour moi des "zones noires" : j'écoutais des podcasts en accéléré, répondais à des messages, ou je ruminais déjà la journée qui m'attendait. C'est en réalisant que ces moments engloutissaient une part importante de mon énergie mentale que j'ai commencé à expérimenter la pleine conscience dans mes déplacements quotidiens. Aujourd'hui, ces petits rituels transforment mes trajets en respirations utiles — pas forcément méditations longues, mais des pauses conscientes qui réduisent le stress et recentrent.
Pourquoi intégrer la pleine conscience dans les trajets ?
La plupart d'entre nous passent entre 30 minutes et 2 heures par jour en déplacement. Plutôt que subir ce temps, il est possible de le convertir en moments réparateurs. Pour moi, la pleine conscience dans le trajet a trois bénéfices immédiats :
- Réduction du stress : en sortant du pilotage automatique, j'évite de ruminer ou d'anticiper anxieusement.
- Clarté mentale : j'arrive au travail ou à la maison plus disponible et moins éparpillée.
- Meilleure relation aux autres : je suis moins impatiente, plus attentive dans les interactions passagères (avec le chauffeur, le voisin, le commerçant au coin de rue).
Commencer doucement : micro-pratiques simples
Je ne crois pas aux grandes résolutions surhumaines. Voici les micro-pratiques que j'ai testées et adoptées peu à peu :
- La respiration des trois points : trois inspirations profondes et trois expirations profondes juste après être montée dans le bus ou après avoir fermé la porte de la voiture. Ça ne prend que 30 secondes et change immédiatement le ton du trajet.
- Scanner sensoriel express : en 60 secondes, porter attention à cinq choses que je vois, quatre choses que j'entends, trois sensations sur la peau, deux odeurs, et une sensation intérieure (faim, tension…). C'est une mini-ancre pour revenir au présent.
- Regarder sans juger : observer le paysage ou les passants sans construire d'histoire. Par exemple, voir un chien jouer et le regarder simplement, sans imaginer la vie de ses propriétaires.
- Sourire volontaire : même en étant seul·e, un petit sourire détend les traits du visage et déclenche un signal apaisant au cerveau.
Adapter selon le mode de transport
Chaque trajet demande des ajustements. Voici ce qui marche pour moi selon le mode :
En transport en commun
Les trains et métros sont parfaits pour des pratiques immobiles. J'ai deux routines :
- Lire un court texte inspirant (un chapitre d'une dizaine de pages ou une chronique) plutôt que scroller. La liseuse Kindle ou une application comme Pocket peut servir. Cela stimule sans surcharger.
- Si je suis debout, j'ancre mes pieds : sentir le contact des semelles avec le sol, répartir le poids, garder une posture douce. C'est étonnamment stabilisant.
En voiture
La sécurité d'abord : la pleine conscience en voiture ne veut pas dire fermer les yeux ou méditer profondément. Pour moi :
- J'utilise le feu rouge comme un micro-point de respiration : trois respirations lentes avant de repartir.
- Je fais des check-ins corporels au feu : épaules détendues ? mâchoire relâchée ?
- J'évite les podcasts hyper stimulant·e·s quand je sens que je suis énervée ; je préfère une playlist apaisante (parfois de la musique classique, parfois des ambiances sonores type “Coffeeshop sounds” sur Spotify).
À vélo ou à pied
Ces trajets sont mes préférés pour pratiquer la pleine conscience en mouvement :
- Je choisis une cadence confortable et j'accorde de l'attention au rythme de mes pas ou de mes pédalages.
- Je fais attention à mon alignement corporel : bassin neutre, épaules souples, regard à courte distance pour être présente au chemin.
- J'intègre des pauses “arrêt-sentir” : m'arrêter deux secondes pour sentir l'air sur mon visage, la température, une odeur (terre mouillée, pain chaud…).
Outils et applications utiles (sans en dépendre)
J'aime les outils qui facilitent la pratique sans la remplacer. Quelques-uns que j'ai testés :
- Headspace ou Petit BamBou : pour des méditations guidées de 3 à 10 minutes, parfaites pour des trajets de courte durée.
- Insight Timer : beaucoup de méditations gratuites et minuteries pour des pauses silencieuses.
- Wearables (montres connectées) : j'utilise parfois les rappels de respiration de ma montre Fitbit pour me souvenir de respirer consciemment.
- Podcasts calmes : choisir des voix douces plutôt que des émissions hyper stimulantes. Par exemple “On Being” ou des chroniques littéraires lentes.
Gérer les distractions et les imprévus
Les trajets sont rarement des bulles dénuées d'aléas. Ce qui m'a aidée :
- Accepter l'inattendu : au lieu de réagir dans la frustration, je nomme intérieurement l'émotion : “ah, colère”, “voilà la fatigue”. La nomination réduit l'intensité.
- Choisir son niveau d'engagement : je décide si je veux écouter un message, répondre à un mail, ou simplement observer. Ça évite d'être tirée dans toutes les directions.
- Se créer des frontières numériques : j'active le mode “Ne pas déranger” à certains moments pour éviter l'escalade des notifications.
Rituels de transition : préparer l'arrivée
Une astuce qui a tout changé pour moi : penser le trajet comme une transition consciente entre deux espaces (ma maison / mon lieu de travail / mon rendez-vous). Voici mes rituels :
- Quelques minutes avant la fin du trajet, faire un bilan rapide : qu'est-ce que j'emporte de bon ? Qu'est-ce que je laisse ?
- Si je rejoins une réunion, je m'accorde 60 secondes de silence pour me recentrer au lieu d'ouvrir un document en urgence.
- À l'arrivée à la maison, je prends souvent une minute pour me déchausser ou poser mon sac en conscience, comme un petit cérémonial pour marquer la frontière.
Pourquoi ça marche : le mécanisme derrière la pratique
La pleine conscience pendant les trajets fonctionne parce qu'elle casse la boucle de rumination et crée des micro-espaces d'attention. Physiologiquement, quelques respirations profondes abaissent le rythme cardiaque et la tension. Psychologiquement, le simple fait de nommer une émotion ou de se reconnecter au corps interrompt le scénario mental automatique qui alimente le stress.
Quelques idées pour personnaliser votre pratique
Ce qui marche pour moi ne marchera pas exactement pour vous, mais voici des pistes pour adapter :
- Si vous êtes du matin, transformez le trajet en mini-journal : trois choses pour lesquelles vous êtes reconnaissant·e.
- Si vous êtes plutôt du soir, utilisez le trajet pour décompresser : laisser tomber les préoccupations professionnelles et écouter une playlist apaisante.
- Si vous avez des enfants, impliquez-les : un jeu simple de “Regarde cinq choses rouges” transforme le trajet en moment ludique et présent.
Intégrer la pleine conscience dans les trajets quotidiens n'exige pas d'énormes sacrifices de temps, juste une intention et quelques petits rituels répétés. Pour moi, ces gestes ont transformé des périodes que j'avais l'habitude de fuir en moments de présence — parfois doux, parfois juste neutres, mais toujours plus humains. Si vous avez envie d'essayer, commencez par une pratique de 30 secondes et voyez ce que cela provoque. Et si vous l'expérimentez, racontez-moi — j'aime lire les petites victoires du quotidien sur Pierresouchon.