Je me souviens de la première fois où j'ai demandé à ChatGPT de m'aider à rédiger un paragraphe pour un billet de blog : j'étais à la fois excitée et un peu inquiète. Excitée par la promesse d'une aide rapide, inquiète à l'idée de perdre ma « voix » — ce ton sincère, curieux et parfois un peu taquin qui est devenu la signature de Pierresouchon. Après plusieurs mois d'expérimentations, d'échecs et de petites victoires, j'ai trouvé des manières concrètes d'utiliser ChatGPT pour améliorer ma routine d'écriture sans me diluer. Dans cet article, je partage ce qui marche pour moi, dans l'espoir que cela vous serve de guide, quel que soit votre niveau.

Pourquoi j'utilise ChatGPT — et ce que j'attends de lui

Pour moi, ChatGPT n'est pas un remplaçant, c'est un outil. Je l'utilise comme j'utilise une bonne machine à café : pour gagner du temps, stimuler des idées, ou rectifier le tir quand je suis bloquée. Concrètement, je lui demande :

  • d'organiser mes idées quand j'ai un brouillon brouillon (vraiment brouillon),
  • de proposer des titres alternatifs ou des angles inattendus,
  • de résumer des articles ou des livres pour en extraire les points utiles,
  • de reformuler des phrases pour qu'elles soient plus claires sans perdre le sens,
  • de m'aider à trouver des exemples concrets ou des anecdotes à intégrer.

J'attends de l'outil qu'il soit un catalyseur de créativité, non qu'il fabrique à ma place un texte totalement dénué de moi-même.

Préserver sa voix : quelques règles que j'applique

Ce qui m'a aidée, c'est d'établir des règles simples avant d'envoyer un prompt. Voici celles que j'applique systématiquement :

  • Définir ma voix : je commence par rappeler mon ton : "écris de façon chaleureuse, curieuse, un peu littéraire, mais accessible". Cette précision limite les réponses génériques.
  • Donner un exemple : je copie-colle un court extrait de mon style (2–3 phrases) pour que le modèle s'en inspire.
  • Spécifier ce que je veux conserver : "ne change pas les métaphores", "garde l'anecdote sur le train", "conserve l'humour ironique".
  • Limiter la génération : je demande des propositions courtes (150–300 mots) pour pouvoir éditer rapidement et garder le contrôle.

Mon workflow concret : du brouillon à l'article publié

Voici la procédure que j'utilise la plupart du temps, illustrée par un exemple : j'écris un billet sur l'écriture nomade.

  • Étape 1 — Brain dump : j'écris 10–15 idées en vrac dans Obsidian ou Notion. C'est brut, souvent peu lisible.
  • Étape 2 — Prompt d'organisation : je copie ces idées et demande à ChatGPT de les organiser en structure logique (intro, 3–4 sections, conclusion). Prompt type : "Voici mon brain dump. Propose une structure d'article claire et donne un titre pour chaque section. Ma voix : chaleureuse, curieuse, un peu littéraire. Garde l'anecdote sur le train." Le modèle me renvoie une trame.
  • Étape 3 — Écriture par blocs : je demande à ChatGPT d'écrire un paragraphe pour chaque section, en lui fournissant la consigne de ton et les points à inclure. Je lui demande aussi d'ajouter une petite anecdote ou citation si relevant.
  • Étape 4 — Édition humaine : je relis, je coupe, je réécris. C'est ici que ma voix revient. J'insère des tournures propres à mon style, des images personnelles, des petites digressions. Je ne garde que les phrases qui résonnent avec moi.
  • Étape 5 — Vérification des faits et des sources : je vérifie toute information et je cite correctement (lié à des sources fiables). ChatGPT peut halluciner des détails : vigilance obligatoire.
  • Étape 6 — Finitions : je peaufine le titre, la méta description, et optimise les intertitres pour la lecture web.

Prompts qui fonctionnent (exemples adaptables)

Voici quelques prompts que j'utilise souvent. Adaptez-les à votre sujet et à votre voix :

  • "Voici mon extrait de style : 'Je me rappelle...' Écris un paragraphe de 180 mots sur [sujet] en t'inspirant de ce style. Reste chaleureux, curieux et évite le jargon."
  • "Propose 5 titres alternatifs pour ce billet, en variant l'angle : pratique, poétique, informatif, controverse douce, invitation."
  • "Réécris cette phrase pour qu'elle soit plus concise sans perdre l'humour : [phrase]."
  • "Donne trois idées d'anecdotes personnelles liées à [thème] que je pourrais adapter (aucune ne doit être inventée pour moi)." — Ici je note ensuite celle qui me parle et je la transforme en vrai souvenir."

Garder l'authenticité : mes astuces d'édition

Après génération, je me pose toujours les mêmes questions pour décider si je garde une phrase :

  • Est-ce que cette phrase pourrait sortir de ma bouche ?
  • Apporte-t-elle une information ou une émotion nouvelle ?
  • Est-ce qu'elle sonne trop générique ou trop publicitaire ?

Si la réponse à l'une de ces questions est non, j'édite. Souvent je remplace un mot par un mot que j'emploie habituellement, j'ajoute une petite image (un café, une valise, une bibliothèque) ou je transforme une phrase trop "proprette" en quelque chose de plus humain.

Les limites et les pièges à éviter

Quelques avertissements pratiques :

  • Risque d'uniformisation : si vous laissez le modèle écrire tout votre texte sans le retravailler, votre voix fondra dans un style consensuel. Intervenez.
  • Hallucinations factuelles : ChatGPT peut inventer des études, des citations ou des dates. Toujours vérifier les faits avant publication.
  • Dépendance : n'utilisez pas l'outil pour chaque étape. Gardez des moments d'écriture purement humains pour entretenir votre muscle d'écriture.
  • Propriété intellectuelle : vous êtes responsable du contenu publié. Si vous utilisez des phrases générées, traitez-les comme des brouillons à retravailler.

Outils complémentaires que j'emploie

J'aime combiner ChatGPT avec quelques applications pour structurer et publier :

  • Notion ou Obsidian pour le brouillon et la gestion d'idées,
  • Grammarly (ou le correcteur de Word) pour un premier nettoyage orthographique,
  • Canva pour les visuels d'articles,
  • Le bloc-notes papier pour les idées qui naissent loin d'un écran — parce que la voix naît parfois en marchant.

Un dernier mot (sans conclusion)

Apprendre à écrire avec une IA, c'est un peu comme apprendre à danser avec un nouveau partenaire : au début, on marche sur ses pieds, puis on finit par anticiper ses mouvements. ChatGPT m'aide à accélérer des portions du travail créatif, mais chaque article que je publie sur Pierresouchon contient ce petit supplément d'âme qui vient d'une relecture humaine, d'une anecdote volée à la vraie vie et d'une phrase qui ne ressemble qu'à moi. Si vous essayez, commencez petit, définissez votre voix avant tout prompt, et considérez l'outil comme un miroir — utile, parfois flatteur, mais jamais définitif.